mardi 3 mai 2016

Jour 02 – Personnage favori ?

Turok.


Et pas d'un peu.
Mélange improbable de western pro-indien, de SF des 90's, de Pellucidar et de la conanerie la plus rustre, ce personnage a eu environ cinquante incarnations, est absolument passionnant à suivre tant scénaristiquement que pour son aventure éditoriale, et est tout simplement mon favori, ever, tous médias confondus.
Evidemment, ayant grandi dans l'explosivité des 90's, mon premier contact avec Turok fut vidéoludique, avec sa sortie sur Nintendo 64. Les magazines les mieux informés précisaient que le personnage était issu de la bande dessinée, et moi, insatiable dinosaurite (j'ai le droit d'inventer des mots) et non moins avide lecteur d'aventures séquentielles, je me demandais où. Je n'avais jamais entendu parler de ce type, et faites-moi confiance, un indien avec un canon laser qui shoote des dinosaures, ça aurait eu bien du mal à passer sous mon radar de collégien d'alors. Je devais avoir ce truc. Imaginez ma peine quand j'ai compris que Turok, c'était only in America. C'est d'ailleurs bien le seul et unique défaut du personnage : aucune de ses apparitions papier n'est arrivée en Europe.

Par contre, la magie du Ternet m'avait aussi appris que le Turok que je connaissais n'était qu'une petite, toute toute petite partie d'un personnage qui avait vécu plus d'une vie. Et quand j'ai eu la monnaie (et le culot) pour m'offrir un pan d'histoire personnelle en VO, j'ai claqué une fortune pour ramasser tout ce que je pouvais sur Turok.
Et je savais très bien quel Turok je voulais : j'ai commencé par celui que je jouais, rassemblant à grand peine la totalité des parutions d'Acclaim Comics (ex-Valiant Comics, je vais y revenir) sur Joshua Fireseed, "le Turok", protecteur des Lost Lands. C'était le personnage du deuxième jeu vidéo, celui de la jaquette du premier (oui, parce que le modèle 3D du jeu n'est pas le même, ne me demandez pas pourquoi), celui auquel je m'identifiais et celui dont l'histoire m'intriguait le plus. Cette idée d'héritage guerrier, ce titre magique qu'on se passe dans la famille depuis la nuit des temps, le monde fantastique qui l'accompagnait, et les dinos-mutants évolués, c'était cool.
Je me suis aussi, à mon grand désarroi, rendu compte que c'était très nul. Une bonne idée ne fait pas nécessairement une bonne histoire et, en pur comic-book de la seconde moitié des années 90, le Turok d'Acclaim était une baudruche au look tapageur mais désespérément creuse en contenu. Pas que j'aie regretté un demi quart de seconde mes achats, mais du coup, j'en voulais plus, et surtout, je voulais mieux.

Chanceux j'étais, je n'avais pas à aller chercher bien loin pour avoir "le vrai" Turok. Avant Acclaim Comics, il y avait donc un éditeur fort intrigant nommé Valiant, créé par Jim Shooter en 1989 et avalé par le géant du jeu vidéo en 1994. Valiant avait couplé quelques idées typiquement early-nineties vaguement inspirées des univers partagés de DC et Marvel (où Shooter avait été scénariste et éditeur par le passé) a une envie rétro tout à fait courante dans les comics : en créant sa boite, Jim Shooter avait récupéré les licences de quelques personnages de chez Gold Key qui avaient fait sa jeunesse, parmi lesquels Turok, Dinosaur Hunter, créé en 1954 et qui, comme son nom l'indique, vivait des aventures préhistoriques dans un monde perdu à la Conan Doyle (que Dark Horse réédita en fantastiques hardcovers entre 2009 et 2012).
Shooter allait filer un bon gros coup de fouet à cet univers et à son personnage, conservant son origine de voyageur temporel involontaire et l'associant donc à d'autres gloires de Gold Key comme Solar, Man of the Atom ou Magnus, Robot Fighter dans une longue lutte pour le pouvoir dans les "Lost Lands", terre miraculeuse à la fois sauvage et futuriste. Turok y est un tueur à la solde de la maîtresse des lieux qui va, peu à peu, se battre pour la liberté de son monde d'adoption avant de retourner dans le sien... enfin, le notre (celui de 1992, s'entend), des siècles après en être parti.
C'est, de très très loin, la meilleure version jamais présentée du personnage, et le point de départ logique de celui d'Acclaim, quand, renommé "Tal'Set, the Valiant One" (un aveugle verrait la référence), il devenait le premier Turok de la lignée des Fireseed.

Finalement abandonné par Acclaim, avec toute sa ligne de comics, le personnage retomba dans l'oubli avant que Dark Horse ne s'essaie, suite au succès de ses Archives, à un revival en 2010, profitant également des autres stars de Gold Key dont Valiant/Acclaim avait laissé choir les droits. Chose amusante, c'est Jim Shooter lui-même qui chapeauta le projet, qui ne dura que quatre petits (et pas franchement bons) épisodes.
Auparavant, en 2008, on avait eu droit à un nouveau jeu vidéo réinventant totalement le personnage comme un bourrin militaire du futur doublé par Thierry Mercier (la VF de Christopher Judge, qui doublait lui-même le méchant du jeu en VO -oui, c'est stupide, mais aussi très rigolo-), et à un film d'animation, tiré du Turok originel et scénarisé par Tony Bedard (dont le principal fait d'arme reste les Exilés chez Marvel).



Dernièrement, c'est chez Dynamite que le personnage s'est illustré, et c'était bien. (Et encore une fois, les copains Solar, Magnus et compagnie de chez Gold Key étaient de la partie, jusqu'à avoir leur série avengeresque rien qu'à eux, le mois dernier. Ces personnages sont décidément inséparables.)

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