mardi 24 mai 2016

Jour 23 – Dessinateur favori ?

Marcelo Frusin. Zéro hésitation là encore.


Je pense que j'ai assez clairement laissé voir l'étendue de ma fixette sur la qualité d'encrage au cours de ce questionnaire, alignant des artistes aussi variés que Frusin et Immonen aux côtés de Kubert et Schultz tout en pointant dès que possible le plaisir que j'ai à lire du 2000AD et des (plus ou moins) vieux trucs en noir et blanc.
J'ai découvert Marcelo Frusin sur Hellblazer, où il accompagnait Brian Azzarello dans un drôle de road-trip. A la même période, l'autre pinceau de la série était Leonardo Manco. J'adorais Leo Manco, et son bordel sienkiewiczien à l'encrage me fascinait, mais, dans le même temps, un certain Frank Miller vivait une explosion de popularité comme il n'avait jamais eu suite au film Sin City. Je n'avais aucune idée de qui était Miller, je n'avais jamais lu sa bédé avant d'en voir l'adaptation de Robert Rodriguez, et ma lecture à-posteriori (sans compter son viol éhonté du Spirit) n'a pas fait de moi un grand fan, pour rester poli. Mais, malgré tout le mal que je peux penser de son oeuvre un général, son trait à quelque chose de dingue. Franc, brut, étrangement hésitant, aux formes pas toujours très justes, mais toujours incroyablement puissant. L'encrage va avec, évidemment, surtout sur Sin City, et m'a ramené, alors que, étudiant en art, j'essayais désespérément d'imiter Manco, à l'autre gars que j'aimais bien sur Hellblazer. Et je me suis rendu compte, en regardant mes autres lectures (Alex Maleev, David Aja,  Darwyn Cooke, Mike Mignola, Francesco Francavilla, voire John Romita Jr...), que c'était comme ça que j'aimais le plus ma bédé, et que c'est comme ça que je voulais dessiner. Des traits clairs, des formes simples très stylisées, un encrage bien opaque et un sens de la composition hyper narratif qui évite de surcharger la page.



Frusin est devenu une semi obsession, j'ai émulé son style jusqu'à péter mes crayons et retourné les rares bédés que je possédais de lui dans tous les sens. C'est lui qui m'a fait apprécier Eduardo Risso (l'autre compère iconique d'Azzarello) et poussé sur le chemin des publications noir et blanc des temps d'avant (sur lesquelles j'ai redécouvert Barry Windsor-Smith et John Buscema, mais c'est une histoire pour un autre jour).
Le pire, c'est qu'au delà de cette pure explication historique faite d'expérimentations personnelles (sachant que j'n'ai pas dessiné depuis environ 2011) et de goûts totalement inconscients (je me répète, mais : l'encrage, bordel), je n'ai strictement aucune idée de pourquoi j'aime autant Marcelo Frusin. Sûr, il a un sens narratif plus ou moins contemplatif assez fou, il excelle dans le style de récits décompressés d'Ellis (qui l'a fait venir sur Hellblazer) et Azzarello, et sa rareté dans le paysage éditorial (en dehors d'Hellblazer et Loveless, il a signé quelques histoires dans Flinch et Weird Western/War Tales chez Vertigo, deux épisodes du Magnus Robot Fighter d'Acclaim et quelques trucs épars pour Dargaud) en fait quelque chose d'éminemment précieux, mais il a un truc en plus que je suis proprement infoutu d'expliquer.


Et je m'en fous.

1 commentaire:

  1. Pour Miller, il faut lire ses bédés mises en images par David Mazzuchelli (...plus certain de l'orthographe...), dont le style se rapproche un peu de ton poulain. Year One pour Batman, Born Again pour Daredevil.
    Même s'il y a effectivement un truc chez Frustin, une gestion du clair obscur et des expressions faciales qui foutent le frisson (Constantine et son sourire carnassier!)

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