mercredi 11 octobre 2017

Serials noirs : coffret Blu-Ray/DVD dédié à Louis Feuillade

J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer son nom, Louis Feuillade est probablement le réalisateur du muet en France, avec environ soixante-dix films et plus de cent cinquante épisodes de séries sur une carrière  dune vingtaine d'années. Ses oeuvres majeures, Fantômas et Les Vampires (auxquelles on doit des milliards d'influences pulp, du Shadow à Catwoman) viennent ce jour de se retrouver compilées, annotées, restaurées et complétées d'une myriade de bonus dans une édition dantesque signée Gaumont.


C'est dans trois mois, mais vous pouvez d'ores et déjà ajouter ça sur votre liste des cadeaux de Noël, et soyez certains que j'en reparlerai prochainement.




EDIT :
En attendant ledit reparlage, Critikat en a fait une présentation plutôt intéressante (que je ne m'aventurerai pas à appeler "critique"), de quoi guider les indécis qui ne savent trop à quoi s'attendre.

lundi 2 octobre 2017

Il viendra des pluies douces



There will come soft rains and the smell of the ground,

And swallows circling with their shimmering sound;
And frogs in the pools singing at night,
And wild plum-trees in tremulous white;
Robins will wear their feathery fire
Whistling their whims on a low fence-wire;
And not one will know of the war, not one
Will care at last when it is done.
Not one would mind, neither bird nor tree
If mankind perished utterly;
And Spring herself, when she woke at dawn,
Would scarcely know that we were gone.



Ce poème de Sara Teasdale, There Will Come Soft Rains, jamais traduit en français, vous est probablement inconnu. En tout cas, il me l'était, jusqu'à ce que ce matin, je lise un peu par hasard un article de LitReactor comparant la nouvelle du même titre de Ray Bradbury au Blade Runner cinématographique.

Je ne reviendrai pas sur le contenu de l'article, ça ne m'intéresse pas ici, mais sur la nouvelle, que j'avais elle aussi oubliée et qui, à la relecture (dans Les Chroniques martiennes), est peut-être bien l'une des plus mélancoliques (et terrifiantes) jamais écrites par Bradbury :
Au matin du 8 avril 1985 (ou 4 août 2026 selon les éditions), une maison de la côte californienne s'affaire, réchauffant son atmosphère, préparant le petit déjeuner et réveillant ses occupants... absents. Peu à peu, il devient clair que la maison est l'une des dernières debout près un cataclysme nucléaire, quand soudain, un magnétophone s'allume et récite le poème. Ce soir là, une tempête envoie une branche dans une des fenêtres de la maison, qui renverse un liquide de ménage sur le poêle, provocant un incendie. Seul un mur survivra, celui sur lequel sont imprimées les silhouettes, brûlées par l'explosion atomique des années auparavant, de ses anciens occupants.

Si la nouvelle vient d'un courant science-fictionnel post-atomique et permet une lecture tout à fait imagée du poème, il est cependant intéressant de noter que ce dernier date de 1918, à une période où le spectre de la Grande Guerre est aussi palpable en Amérique que chez nous, mais où il était rare d'évoquer l'extinction de l'espèce humaine par la guerre - il faudra, justement, attendre la Bombe pour ça, vingt-cinq ans plus tard.

Et si tout cela ne vous parait pas assez lugubre, l'Ouzbékistan communiste en a tiré un glaçant court-métrage en 1984.


Quant à l'illustration, elle vient de son adaptation en bande dessinée par Wally Wood, dans le numéro 17 de Weird Fantasy (1953) chez EC Comics.